L’évangile parvient dans les villages ouïghours

Ilmur* (photo) et sa femme Gulya* sont chrétiens, mais ils ne vont pas à l’église. Les croyants ouïghours se rencontrent à la maison, ils mangent, chantent, dansent, prient et lisent la Bible ensemble. En terre ouïghoure, la persécution n’est jamais loin. Mais Ilmur et Gulya ne se cachent pas, ils visitent des villages pauvres et partagent l’amour de Jésus. Un collaborateur de Portes Ouvertes les a rencontrés et nous explique leur travail.

Ilmur est responsable d’église de maison et évangéliste, marié et père de trois fils adultes. Il aime s’occuper dans son atelier et est habile à travailler le bois. Il pratique l’haltérophilie, qui lui fait du bien au corps et à l’âme. De bon matin, il livre tous les jours le pain rond ouïghour fraîchement cuit d’un boulanger local qui est aussi chrétien et un de ses disciples.

Notre ami aime bien manger. Pendant que nous parlons, sa femme prépare le repas du soir, les bonnes odeurs de la cuisine promettent un repas délicieux. On dit chez nous que l’amour passe par l’estomac. Il en va de même du respect en Asie Centrale. Dans cette région, il est très important d’accueillir chaleureusement ses visiteurs et de les régaler.

Rejeté par les siens
Né ouïghour, Ilmur a grandi dans l’islam. C’est pourquoi il a été menacé par les siens quand il a choisi Jésus. Une conversion est un acte lourd de conséquences dans sa culture, car chacun est étroitement lié à sa famille et à la collectivité et ces relations sont très profondes.

Comme beaucoup de nouveaux chrétiens en Asie Centrale, Ilmur menait auparavant une vie peu recommandable. «J’étais alcoolique, je me droguais. Je battais souvent ma femme, je n’avais aucun respect pour Dieu. Jusqu’à ce qu’il me touche. Soudain, j’ai compris à quel point il était puissant et majestueux. Cela m’a bouleversé et complètement changé ma vie.»

Bientôt, nous en venons à parler du ministère d’Ilmur dans les villages ouïghours. Il y parle de Jésus avec passion et enthousiasme, mais souligne qu’il doit être vigilant. «Quand je visite un nouveau village, tout le monde le sait très vite. On est observé. ‘D’où vient-il, qui vient-il voir?’ se demandent les gens. C’est pourquoi nous devons être très prudents.» Avec son cœur d’évangéliste, Ilmur prie avant chaque visite pour avoir de bonnes conversations, où il ait l’occasion de comparer le Coran et la Bible et de parler d’Isa (Jésus).

En route pour le ministère
Le lendemain, Ilmur vient me chercher après le petit-déjeuner. Sa femme et un des fils l’accompagnent. Le trajet dure trois heures jusqu’au village où nous allons distribuer des vêtements usagés, des chaussures et des vivres. En chemin, ils m’expliquent: «Nous nous renseignons pour savoir qui a un besoin particulier. D’abord, nous lions amitié et sommes réservés avec l’Evangile. C’est dangereux non seulement pour nous, mais aussi pour eux.»

Pour chaque visite, il faut l’approbation de l’aîné du village. Je me rends vite compte que ce n’est pas simple.

Nous allons voir d’abord un aîné musulman. Ilmur le connaît et sait qu’il a une bonne relation avec l’aîné du village où nous nous rendons aujourd’hui. Ses parents sont maintenant aussi chrétiens, et il est lui-même très ouvert aux discussions sur Dieu.

Nous mangeons avec cet homme, puis nous poursuivons notre route. Dans le village, nous sommes accueillis par l’assistante sociale, qui est aussi l’infirmière locale. Son père, l’aîné du village, vient de donner son accord pour notre visite.

Visites aux plus démunis
Ilmur est toujours accueilli chaleureusement, car il respecte pleinement les gens et les coutumes locales. En même temps, il ne cache pas sa foi chrétienne et sa motivation. Après tout, c’est un village ouïghour et l’aîné est musulman. L’assistante sociale et l’aîné du village ont accepté volontiers le soutien offert par Ilmur, car personne d’autre ne les aide.

Avec l’assistante sociale, nous rendons visite aux plus pauvres du village: une vieille femme seule et malade, une mère avec trois petits garçons, une grand-mère qui s’occupe d’un membre de sa famille gravement handicapé. Ilmur écoute leurs besoins et leurs histoires de vie, distribue les dons, prie avec ceux qui y sont prêts, et parfois même parle de l’Evangile.

Réjouissez-vous quand vous serez persécutés
Plus tard, je lui demande si les chrétiens doivent craindre la persécution ou s’efforcer de l’éviter. Il répond avec sagesse: «Si nous apprenons que quelqu’un est persécuté, bien sûr, nous nous soutenons les uns les autres, mais nous nous félicitons aussi! La persécution nous rend plus forts, c’est un test. Ne la fuyons pas! Réjouissons-nous et soyons reconnaissants de tout ce que Dieu fait dans nos vies.»

Quand je pense à la vie et au ministère d’Ilmur, je ne peux que louer le Seigneur. L’Evangile qui change des individus et des familles dans un contexte de persécution, des familles qui entourent leurs prochains avec amour, n’est-ce pas là le but de notre ministère? En même temps que je médite sur toutes ces impressions, je prie pour ces Ouïghours qui prennent fidèlement soin des gens de leur peuple. Et j’ai confiance que le Seigneur continuera à faire grandir ici son royaume. /

* Noms d’emprunt

Tiré du magazine de février 2019