Alors que les partenaires locaux de Portes Ouvertes continuent de rendre visite aux croyants kukis et meiteis touchés par les violences à Manipur et de distribuer de l’aide d’urgence, d'autres récits de la nuit des attaques et des jours de tension qui ont suivi ont été révélés. L'une d'entre elles est celle d'une croyante Kuki enceinte, Ritika*, qui a dû mettre au monde son bébé dans la jungle alors qu'elle se mettait à l'abri.
«Nous n'étions pas préparés à ces attaques», raconte Ritika, qui est maintenant hébergée dans un camp de réfugiés, à Anjali Lhing*, partenaire locale de Portes Ouvertes. «Nous vivions à Khangol et nous avons dû fuir en direction de Kangpokpi. J'ai vu ma maison brûler sous mes yeux et c'était un spectacle horrible».
Les flammes qui ont détruit la maison de Ritika s'inscrivent dans le cadre des violences ethno-religieuses qui ont débuté le 3 mai et qui ont balayé le Manipur au cours du mois et demi écoulé. Jusqu'au 25 juin 2023, plus de 50’000 chrétiens de la tribu Kuki-Zo-Mizo et de la communauté Meitei ont été déplacés, environ 400 églises ont été brûlées et détruites, plus de 250 villages ont été incendiés et 120 morts ont été confirmés dans les deux camps.
Ritika appartient à la tribu Kuki, majoritairement chrétienne, dont la communauté a le plus souffert de la destruction par les groupes extrémistes Arambai Tenggol et Meitei Leepun. Mais les convertis de la communauté Meitei, majoritairement hindoue, ont également été menacés par les radicaux en question et contraints de revenir à leur foi sanamahiste/hindouiste populaire.
Né sur la route de la fuite
«Je ne pensais qu'à mon bébé et j'ai fui dans l'état où je me trouvais», raconte Ritika. «En chemin, j'ai eu des contractions et les femmes qui étaient avec moi m'ont aidée à donner naissance à mon bébé. Les hommes préparaient un lit en bambou dans les montagnes et nous surveillaient. Les femmes n'avaient qu'un morceau de tissu et j'ai ainsi pu accoucher. Après l'accouchement, ils nous ont portés, mon bébé et moi, sur le même lit en bambou, car nous devions continuer à marcher. Je n'oublierai jamais ce jour. Je n'aurais jamais pu l'imaginer. Mais je remercie Dieu pour le don de la vie qu'il a apporté dans ce monde, même dans une situation aussi terrible».
La belle-mère de Ritika, qui se tient à côté d'elle pendant qu'elle parle à Anjali, ajoute :
«Je pardonne à nos persécuteurs. Grâce à eux, nous pouvons voir la main de Dieu dans nos vies».
Dans sa langue, Ritika a nommé son petit garçon d'après la montagne sur laquelle il est né. Et même si elle se trouve toujours dans une situation précaire – elle doit partager la nourriture, le logement et le peu qu’’il y a dans le camp de personnes déplacées – elle est optimiste pour son bébé.
«Je prie pour mon enfant parce qu'il est venu au monde à cette période, mais je veux qu'il vive et voie comment Dieu peut faire de grandes choses dans son avenir», raconte-t-elle. «J'ai aussi des douleurs physiques parce que j'ai dû fuir, mais je ne blâme aucune tribu ou communauté. Dieu a gardé mon bébé et ma vie».
Sujets de prière :
- Louons Dieu d'avoir protégé Ritika et son bébé lorsqu'ils ont dû fuir la violence au Manipur.
- Demandons à Dieu d'assister tous ceux qui ont été déplacés pendant le conflit, de leur faire sentir sa présence et de pourvoir à leurs besoins.
- Prions pour les efforts de nos partenaires qui distribuent de l'aide aux croyants déplacés et les soutiennent également spirituellement et émotionnellement.
