Communiqué de presse Nigeria | 22 février 2023

Élection présidentielle au Nigeria: les chrétiens sous-représentés parmi les candidats

 

 
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Le nouveau président du Nigeria sera élu samedi. Mais les candidats des partis principaux ne respectent pas le consensus tacite de la rotation géographique et religieuse. Une situation qui attise des tensions inter-religieuses déjà très présentes.

Le prochain président du pays le plus peuplé d’Afrique sera élu ce samedi 25 février. Il s’agit des 7e élections présidentielles depuis que le pays a retrouvé un régime démocratique, en 1999. Les enjeux de cette votation sont à la hauteur des défis que le pays traverse actuellement. En effet, suite à l’élection du président Muhammadu Buhari, qui a succédé à Jonathan Goodluck en 2015, la violence des militants islamistes n'a fait qu'augmenter, l'insécurité s'est répandue, la croissance économique a ralenti, le système éducatif s'est effondré et la paupérisation de la population s'est accentuée. 
 
Le ticket musulman/musulman crée la controverse

 
Le président élu obtiendra un mandat de quatre ans. Les principaux partis politiques en lice pour ces élections sont le Parti démocratique populaire (PDP) et le Congrès progressiste (APC). 
Mais à l’approche de l’élection, l'attention est moins portée sur les politiques proposées par les partis que sur la controverse des doubles tickets musulmans et l'incapacité des deux partis à faire avancer le pays.
 
Au Nigeria, il existe un consensus tacite entre les partis politiques qui présentent des candidats à la présidentielle, exigeant une rotation géographique du pouvoir entre le nord musulman et le sud chrétien, ainsi qu'un engagement en faveur de la représentation des deux groupes religieux. Pour cette élection, il n’est pas respecté.
 
En se basant sur la convention, il était à prévoir que le prochain président provienne du sud chrétien et que son vice-président représente le nord musulman. Cependant, le PDP, parti d'opposition, a présenté comme candidat Atiku Abubakar, un musulman, qui a choisi Ifeanyi Okowa, un chrétien, comme colistier. Un mois plus tard, le parti au pouvoir, APC, a choisi de présenter Bola Tinubu, un musulman de l'État de Lagos, dans le sud du pays, qui a à son tour choisi un autre musulman du nord, l'ancien gouverneur de l'État de Borno, Kashim Shettima, comme vice-président.
 
Le ticket musulman/musulman attise les tensions, dans un pays déjà divisé par des lignes religieuses et ethniques. Au Nigéria, la population est divisée à peu près à parts égales entre chrétiens et musulmans et de nombreux chrétiens ne se sentent pas représentés par les candidats proposés. L'Association chrétienne du Nigeria (CAN) a exprimé ouvertement son inquiétude à ce sujet. Son secrétaire général, Barrister Joseph Bade Daramola, a déclaré: «La CAN demande instamment qu'un équilibre entre les deux religions soit pris en compte dans le choix des colistiers des candidats à la présidence. Nous ne souscrivons pas à l'idée d'un ticket chrétien/chrétien ou musulman/musulman». L'archevêque Henry Ndukuba a quant à lui précisé dans une interview: «Lorsque vous nommez ou choisissez des personnes de même confession, que ce soit un ticket chrétien/chrétien ou musulman/musulman, vous êtes très insensible aux sentiments de la population. Beaucoup d'autres expriment leur inquiétude et le danger potentiel du ticket musulman/musulman, soulignant qu'il s'agit d'une question d'inclusion et de représentation». 
 
Cohabitation inter-religieuse déjà remise en question par les violences djihadistes
 
Le pays compte à la fois la sixième plus grande population chrétienne du monde (100 millions) et la cinquième plus grande population musulmane (90 millions). Compte tenu des tensions sociales, religieuses et politiques existantes, nombreux sont ceux qui craignent que, dans ce contexte, le risque de violence pendant et après les élections soit plus élevé que jamais. La poursuite de l'insécurité et de l'instabilité économique pourrait avoir un impact beaucoup plus large et néfaste sur l'approvisionnement alimentaire, la population de réfugiés et la sécurité du continent. 
 
Portes Ouvertes, organisation de soutien aux chrétiens persécutés, partage l’inquiétude de l’archevêque Ndukuba face à cette réalité. Dans l’Index mondial de persécution, le Nigéria arrive au 6e rang des pays dans lesquels les chrétiens sont le plus persécutés. Avec 5'014 chrétiens tués en raison de leur foi rien que l’an dernier, le Nigéria arrive toujours largement en tête des pays dans lesquels la violence djihadiste fait le plus de victimes. «Les autorités actuelles n’ont pas montré de réelle volonté de protéger la population chrétienne du centre et du nord du pays contre le terrorisme. Une plus grande déstabilisation politique ne ferait que rendre les chrétiens de ces régions encore plus vulnérables face aux attaques et violences incessantes», relève Philippe Fonjallaz, directeur de Portes Ouvertes Suisse.
 


 

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