770’000 francs. Telle est l’amende que vient d'infliger la Cour Suprême du Sri Lanka à quatre hauts responsables politiques suite aux attentats terroristes de Pâques 2019. Les bombes des kamikazes islamistes avaient fait 279 morts et 500 blessés dans les églises ciblées.
Coupables de «n’avoir rien fait»
L’ancien Président, Maithripala Sirisena, a été reconnu coupable de négligence. Il devra verser à lui seul 250’000 francs aux victimes. À cela s’ajoutent les amendes dues par les anciens chef de la police, chef des renseignements et chef de la défense: ils sont reconnus coupables de «failles» dans leur réponse à la menace terroriste. En effet, 10 jours avant les attentats, ces hauts responsables étaient tous informés de l’imminent passage à l’acte des terroristes. Mais ils n’avaient pas pris les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de leurs concitoyens chrétiens.
Punir les coupables et connaître la vérité
Il aura fallu aux familles des victimes trois ans et demi et douze actions en justice pour faire valoir leurs droits. L’amende totale représente 226 années de salaire et sera répartie entre les différentes familles de victimes.
Un partenaire local de Portes Ouvertes commente cette victoire historique: «Cette décision concerne les gens qui ont négligé leurs responsabilités. Mais rien n'a été décidé concernant les commanditaires ni ceux qui sont passés à l’acte pour commettre ces attaques. Pourquoi les chrétiens ont-ils été ciblés? Tant que nous n’aurons pas la réponse, les chrétiens ne se sentiront pas en sécurité et justice ne sera pas faite.»
Une étape sur le chemin de la vérité
Une position que partage le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, la capitale du pays: «Sur la base de ce verdict, nous nous attendons à ce que cette affaire aille plus loin. Justice ne sera faite pour les victimes que lorsque nous apprendrons l’entière vérité. Cette décision n’est qu’une étape sur ce chemin.»
Espérance en marche pour les victimes
Quoi qu’il en soit, les dommages et intérêts à venir aideront en partie les victimes à se reconstruire. En partie, car les chrétiens pris pour cible n’ont pas attendu ce verdict pour vivre leur espérance malgré tout. C'est le cas de Rebekah, brûlée au troisième degré par un kamikaze. Elle a perdu sa sœur, son beau-frère et son neveu dans les attentats de 2019. Aujourd’hui, elle doit encore subir des opérations chirurgicales. Et pourtant, elle n’a pas hésité à se marier à Pâques l’année dernière, comme pour effacer le traumatisme de Pâques 2019.
Aujourd’hui, le Sri Lanka est sorti de l’Index mondial de la persécution. Mais le chemin vers la justice et la liberté reste encore long. Le pasteur Charles et son frère Anthony (noms d’emprunt), en sont deux exemples concrets. Les deux hommes ont été passés à tabac l'été dernier pour avoir célébré un mariage chrétien et chanté des hymnes qui n'étaient pas des chants «tamouls traditionnels». Aujourd’hui, ils vont mieux.
Mais l'histoire de Rebekah, de Charles et d'Anthony ne sont que des lueurs d'espoir. Au-delà des statistiques et des classements, la minorité chrétienne reste largement persécutée au Sri Lanka.
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