VIETNAM: Doublement persécutés – à cause d’un dieu étranger

Quand le Vietnam est devenu un État communiste, dans les années 1970, il a interdit les pratiques religieuses, emprisonné les croyants, et les bibles sont devenues rares. Aujourd’hui, la persécution est plus subtile, mais encore très répandue dans les zones tribales des Hautes Terres centrales et du Nord. Portes Ouvertes fortifie l’Église persécutée au Vietnam depuis la fin des années 1980. Les problèmes que rencontrent les chrétiens dans les régions de forte persécution sont multiples.

Un chrétien âgé se rappelle que, plus jeune, il a participé à un concours afin de gagner une bible pour sa mère. «Elle aimait la Bible, et cela l’attristait qu’il y en ait si peu dans l’église clandestine que nous fréquentions.»

Aujourd’hui, les bibles sont à nouveau facilement disponibles. Néanmoins, les chrétiens sont toujours confrontés à de graves restrictions dictées par le gouvernement, et dans les zones rurales ils sont souvent victimes de discrimination et de violences de la part de leur famille et de leurs voisins.

Vuong* (photo) a tout perdu quand il est devenu chrétien. Il était membre du Parti communiste, mais quand il est devenu chrétien, il en a été exclu, il a perdu son emploi et sa réputation dans la société, et ses voisins ont commencé à l'importuner.

Il est demeuré dans le village encore plusieurs années: «Je me disais qu’en restant, je pourrais partager l’Évangile», dit-il. Mais quand sa maison a été incendiée, il s’est vu forcé de ­quitter le village.

Le pasteur Thang*, qui dirige une communauté du centre du Vietnam, le dit simplement: «Le gouvernement pense que nous travaillons pour les Américains.»

Quand la nouvelle de la conversion de Vuong s’est répandue, l’école a supprimé les bourses d’étude de ses deux enfants pendant deux ans. On reprochait sans cesse à la famille d’être «américaine». «Mes enfants avaient très peur. Leurs camarades les harcelaient, se moquaient d’eux et disaient: ‹Pourquoi vous venez à l’école ici? Aller dans une école ­américaine!»

Un autre problème de nombreux chrétiens vietnamiens est qu’ils sont doublement exposés à la persécution – parce qu’ils sont chrétiens et parce qu’ils appartiennent à une minorité ethnique. Beaucoup de minorités des Hautes Terres centrales et du Nord ont combattu aux côtés des Américains pendant la guerre. Certains de ces groupes voudraient plus d’autonomie, si bien que le gouvernement les considère comme des fauteurs de troubles. Environ deux tiers des quelque 1,5 million de chrétiens protestants du Vietnam proviennent de minorités ethniques.

Le pasteur Chai*, de l’ethnie Hmong, a été arrêté l’année dernière avec 50 bibles en langue hmong, dont on ne savait pas où elles avaient été imprimées. Comme c’est illégal, il a reçu une amende très élevée. En théorie, le gouvernement a autorisé la publication de bibles en vietnamien et dans certaines langues minoritaires comme le hmong. Chai a probablement été puni parce qu’il est Hmong et chrétien.

Abandon du culte des ancêtres
Les chrétiens de minorités ethniques sont également persécutés par leur propre tribu parce qu’ils ont abandonné sa religion traditionnelle – souvent une forme d’animisme ou de culte des ancêtres.

Choj* (photo) est aussi de la tribu Hmong. Suivant la tradition, il sacrifiait aux dieux des cochons et des poulets. Mais quand sa fille est tombée malade, elle n’a pas été guérie par des sacrifices d’animaux, mais par les prières d’un pasteur. Choj se souvient: «Je me suis dit: ‹Là, ce doit être Dieu.› J’ai décidé de suivre Jésus.»

Il a raconté à sa famille ce qui s’était passé. «Mes frères étaient si heureux qu’ils voulaient me construire un autel pour adorer nos ancêtres. Mais j’ai refusé et ils ont tenté de me bannir du village. Même la police et les autorités locales m’ont dit que je devais recommencer à adorer nos ancêtres. J’ai répondu que j’avais accepté Jésus et que je ne reviendrais pas en arrière.»

Aux yeux de ses frères, il avait renié sa famille. Ses proches ont alors détruit sa maison. Pendant tout ce temps, Choj est resté relativement calme: «Je ne pensais qu’à Jésus. Je savais qu’un jour Dieu me donnerait une nouvelle maison.» Mais quand il a compris à quel point la situation était dangereuse, il est parti avec sa famille vivre chez ses beaux-parents.

Vuong a terminé en 2018 un cours sur la vie de Jésus à l’école Galilée. «L’école biblique Galilée m’a beaucoup aidé. Je croyais aux présages et j’étais aigri. Maintenant, je peux pardonner aux autres et notamment à ceux qui m’ont persécuté. Si je n’avais pas fréquenté l’école biblique, je n’aurais pas acquis cette compréhension plus profonde de la Parole de Dieu.»

La forte persécution n’a pas freiné le désir des chrétiens vietnamiens d’annoncer l’Évangile. Le pasteur Thang dit: «Mon espoir pour le Vietnam est que Dieu montre au pays son amour et sa grâce, que les gens voient cela et acceptent Jésus comme leur Sauveur.»

Le rêve de Portes Ouvertes est que l’Église soit unie sous la persécution, qu’elle grandisse dans son amour pour Jésus, qu’elle le connaisse encore mieux et qu’elle fasse briller sa lumière.

Prierons-nous ensemble pour que ces espoirs et ces rêves deviennent bientôt réalité au Vietnam? /

*Noms d’emprunt

Tiré du magazine de janvier 2020

» L’école biblique Galilée

Cette école biblique clandestine mobile, dirigée par Portes Ouvertes, forme des pasteurs pour servir dans les communautés tribales, étroitement surveillées par les autorités, vivant dans les Hautes Terres du Centre et du Nord du Vietnam. Étudier en ville dans un établissement formel représenterait un risque majeur pour leur sécurité, c’est pourquoi Portes Ouvertes amène l’école biblique chez eux, avec l’aide de nos partenaires locaux. C’est une bonne solution dans les régions où les villages se trouvent dans la forêt ou dans des endroits très reculés qui ne sont accessibles qu’à moto. /