Communiqué de presse Afrique | 12 octobre 2023

Afrique subsaharienne: les chrétiens dans une position intenable suite à l’augmentation des violences

 

 
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Les récents coups d’États au Gabon, fin août et au Niger, en juillet dernier, ont encore aggravé la vulnérabilité des États face à la montée de la violence et des actes terroristes liés à des groupes islamistes qui se déploient dans toute l’Afrique subsaharienne. Des études démontrent que les chrétiens sont consciemment pris pour cibles. 
Romanel-s/Lsne, le 12 octobre 2023 – En 2021 déjà, cinq des dix pays les plus touchés par la violence et le terrorisme se trouvaient en Afrique (Somalie, Burkina Faso, Nigeria, Mali et Niger).  

Depuis, en particulier dans les pays d’Afrique subsaharienne, la violence n’a fait que s’aggraver. À tel point qu’en janvier 2023, le bureau des Nations-Unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, lors d'un conseil de sécurité des Nations-Unies, a qualifié les défis sécuritaires dans la région de "sans précédent".  

Une aggravation rapide 

Portes Ouvertes, ONG de soutien aux chrétiens persécutés, observe que l’augmentation des violences touche de plein fouet les populations chrétiennes. Pour preuve, alors qu’en 2005, 7 pays de cette région faisaient partie de la liste des 50 pays où les chrétiens sont les plus persécutés (Index Mondial de persécution de Portes Ouvertes), en 2023 ils sont le double (14) et, surtout, l’intensité de la persécution a nettement augmenté. 

Une composante religieuse aux violences 

«À travers l’Afrique, une multitude de groupes islamistes affecte le «vivre-ensemble» pacifique constituant l’une des principales sources de persécution. Cette persécution violente concerne toutes les communautés religieuses minoritaires et plus particulièrement les chrétiens», alerte Illia Djadi, expert des Droits humains, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest pour Portes Ouvertes International. 

À titre d’exemple, le mois dernier, l'État islamique a revendiqué une attaque au cours de laquelle au moins onze chrétiens ont été tués dans le nord du Mozambique. Les militants sont arrivés à Naquitenge, un village du district de Mocímboa da Praia. «Lorsqu'ils sont arrivés, ils ont convoqué une réunion», a déclaré à l'agence de presse portugaise Lusa (Agência de Notícias de Portugal), une personne qui a perdu son neveu lors de l'attaque. «Les habitants du village ne savaient pas qu'il s'agissait de terroristes. Ils ont alors commencé à séparer les chrétiens des musulmans, en se basant sur les noms. Ensuite, ils ont ouvert le feu sur les chrétiens», a-t-il ajouté. « Ils ont arrosé les gens de coups de feu. Certaines personnes ont été blessées et se sont enfuies dans les bois.» 

Selon nos sources, l'État islamique a revendiqué l'attaque via ses canaux de propagande. Le groupe extrémiste islamiste Ahlu-Sunnah wal Jama'ah mène une insurrection dans la province septentrionale de Cabo Delgado, riche en ressources naturelles, depuis 2017. Les militants se sont affiliés à l'État islamique en 2019. Selon les partenaires de terrain de Portes Ouvertes, ce genre d’attaque survient presque quotidiennement. 

Les chrétiens sont-ils particulièrement ciblés? 

Le Nigeria est particulièrement touché par l’augmentation des violences religieuses. Dans ce pays, 5'014 chrétiens ont été tués en raison de leur foi l’an dernier.  

«Lors d’un récent voyage au Nigeria, j’ai pu constater de visu l’ampleur des attaques de militants Fulanis contre les villages chrétiens », alerte Philippe Fonjallaz, directeur de Portes Ouvertes Suisse. «Lorsque dans l’Etat du Plateau, des dizaines de villages sont attaqués, pillés, détruits, de même que les récoltes, et que de nombreux habitants sont assassinés, c’est la preuve indubitable qu’il y a une stratégie visant spécifiquement les chrétiens. Le but est de les terroriser et les amener à fuir et ainsi déstabiliser toute la communauté. Évidemment que la situation est complexe et ne saurait être facilement résumée, mais il est impossible d’évacuer la composante du conflit religieux de l’équation. 

Le plus intolérable est que ces attaques ont lieu la plupart du temps sans réaction et protection de la part des forces de sécurité. Il y a une sorte d’impunité qui entoure cette terreur.» 

Des violences qui déstabilisent toute une région 

Les conflits ont engendré plus de 15 millions de déplacés. «La conséquence directe est une précarisation généralisée de la population, déjà souvent très fragilisée économiquement», relève encore Philippe Fonjallaz. «De plus l’impossibilité de scolariser les enfants et le manque de perspectives pour la jeunesse (plus de 50% de la population de la région a moins de 25 ans) créent les conditions propices à l’augmentation de la délinquance, aux trafics en tous genres, voire aux recrutements par les groupes terroristes.» 

Origines des conflits 

Avant le début du 21e siècle, la religion n’était pas un facteur qui contribuait à l'instabilité politique à l'échelle des pays. Les tensions existantes se concentraient localement autour de groupes aux intérêts opposés, comme par exemple entre les groupes sédentaires et les groupes nomades, ou entre l'État et une jeunesse désinsérée socialement. 

Cependant, au début du 21e siècle, des fissures ont commencé à apparaître entre le modèle laïc de l'État promu par les élites politiques et les modèles islamiques fusionnés avec les idées propagées par certains érudits et religieux musulmans. L'émergence de groupes islamistes liés à Al-Qaïda (AQMI) et à l'État islamique dans le Grand Sahara (ISGS), qui propagent la violence, a ajouté de nouvelles dimensions à ces tensions.  

Pour tenter de lutter contre la montée de la violence et des conflits, les Nations unies, l'Europe, la France, les États-Unis et les États de la région (Cameroun, Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria et Tchad) ont tous initié ou contribué à plusieurs initiatives et déploiements antiterroristes dans la région. 

 Mais suite à la recrudescence des coups d’État depuis 2021 (des interventions militaires ont eu lieu au Tchad, au Mali, en Guinée, au Soudan et au Niger), suivies par d'autres tentatives en 2022, dont deux coups d'État réussis au Burkina Faso, les observateurs internationaux ont enregistrés une augmentation de l’instabilité dans plusieurs pays du Sahel et le retrait des forces armées internationales. Bien que l'on puisse affirmer que les régimes autoritaires peuvent offrir un vernis de stabilité, cette stabilité se fait souvent au prix de la suppression des libertés civiles et des droits des minorités. De plus, cette situation a laissé une grande marge de manœuvre aux combattants affiliés à l’Etat islamique, que les États n’arrivent aujourd’hui plus à juguler.
 
 

 

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